The Dark Knight

Publié le par yaneck Chareyre




Titre : The Dark Knight

Réalisateur : Christopher Nolan

Acteurs : Christian Bale, Heath Ledger, Morgan Freeman, Aaron Eckhart, Maggie Gyllendaal, Michael Caine, Gary Oldman …

Scénariste : Jonathan et Christopher Nolan

Producteurs: Legendary Pictures, Warner Bros, Syncopy

 

 

Batman Begins était une référence, dans le domaine du film de super-héros. Pour ce film, Nolan a du écouter en boucle la chanson de Daft Punk « Harder Better Faster Stronger ». C’est plus dur, meilleur, plus rapide, plus fort. Ce film est une gigantesque claque, plus de 2h30 d’intensité, qui ne daigne faiblir qu’à la toute fin.

 

Tim Burton avait posé une référence, avec son Joker, joué par Jack Nicholson. Un personnage haut en couleur, bouffon, grotesque. Christopher Nolan a choisi une autre voie, celle qu’il a prise de manière générale pour la saga Batman, celle du réalisme. Son Joker a lui est tout à fait réel. Dangereusement réel. Et fou. Mais pire  que tout, c’est un virus humain de la folie. Ce virus se diffuse durant tout le film, et maintenant que je suis sorti du cinéma, et que je commencez à rédiger cette chronique, je ressens encore les effets du virus. Le malaise est en moi, il me saisit à la gorge. Il veut sortir, rêve de se changer en cri agressif.  J’avais déjà ressenti cela au sortir de la séance de Sin City. Mais contrairement à ce film, la violence de The Dark Knight n’est pas stylisée. Elle est vive, réelle, puante, crédible. C’est assurément un tour de force, qu’une telle réussite. La vision du personnage du Joker, celle de Nolan, est très respectueuse de celle du comic book. On retrouve bien le Joker de la bande dessinée. Mais voir cela « en vrai », au cinéma, c’est nettement plus dérangeant. Il est illogique, ou maladivement logique, c’est selon. Tous ses actes transpirent la folie, le moindre de ses mots (impossible par exemple de savoir qui il est, puisqu’il raconte à chaque fois une histoire différente), la moindre de ses expressions. Même dans les silences, habillement utilisés par le réalisateur, on perçoit la folie, l’esprit qui doute, puis qui vacille.

Oui, Heath Ledger fait dans ce film une prestation grandiose. Malheureusement, le qualificatif « d’unique » ne se sera jamais aussi bien adapté. Rappelons-le, l’acteur s’est suicidé peu après la fin du tournage. Son personnage devait être encore au centre du troisième film, à venir, et l’on comprend pourquoi tellement Ledger nous convainc qu’il est un psychopathe.

 

Je prends un temps de respiration. Il faut bien cela pour digérer une rencontre avec le Joker.

Il est une chose établie, dans le comics, c’est le statut très particulier du Joker dans la galerie d’ennemis de Batman. Celui-ci est le pendant négatif du héros. Son aimant, et son repoussoir en même temps. Et Christian Bale, de son côté, interprète parfaitement cette relation. Bruce Wayne vacille, descend très proche de la folie, de la paranoïa. Le Joker a pour visée de ramener tout le monde à son niveau, dans son modèle de pensée, et Batman le premier. Celui-ci a choisi une mission, une méthode, qui le rend particulièrement fragile aux attaques déstructurantes du Joker, qui veut l’amener à franchir la ligne qui les sépare encore. Il veut l’amener à renoncer à tous principes.

Ceci dit, je dois bien reconnaître que je n’ai pas grand-chose à dire sur Batman. Il est dans l’ombre, dans ce film, en retrait, et laisse souvent la part belle aux seconds rôles que sont Harvey Dent et Jim Gordon. Mais plus j’y réfléchi, et plus j’y vois une certaine forme de logique. Bruce Wayne, c’est flagrant, reste sous le coup de ce que lui a dit Rachel à la fin de Batman Begins. Qu’ils ne pourraient se retrouver que lorsque Bruce pourrait abandonner Batman. Et donc puisqu’il désire désormais que cette prédiction se réalise, il fait en sorte de laisser la place de héros à un personnage plus en vu, qui ne porte pas de masque. Car vous le verrez, Gordon et Dent sont des héros pour Gotham, chacun à leur façon. Et donc, Batman leur laisse le champs libre. Erreur scénaristique, ou choix d’intrigue, je n’ai pas la réponse.

 

Je me dois donc de vous parler un peu plus de ces personnages secondaires, car ils assurent la trame de fond du film.

Aaron Eckhart nous joue un Harvey Dent chevalier blanc de Gotham. Sourire large, volonté de gagner. Mais aussi, personnage fragile. On ne le voit vraiment que durant une scène, après l’enterrement. On sent que le vernis cache des choses plus sombres. On a donc un beau portrait du personnage, bien brossé, et après, le réalisateur s’amuse avec, via le Joker.

La nouvelle Rachel, Maggie Gyllenhaal, est quant à elle assez bien choisie. Elle prend la suite de Katie Holmes, qui, je trouvais, faisait trop jeune, pas assez crédible en tant que substitut du procureur d’une ville comme Gotham.

Gary Oldman continue d’interpréter le Jim Gordon idéal, d’une manière parfaitement évidente.

Michael Caine continuer de nous interpréter un Alfred qui ne se laisse jamais démonter, toujours protecteur pour le jeune maître Bruce. Dans ce film, on épaissit encore son rôle en rappelant ce qui est un point du comic book, le fait qu’il ait été plus ou moins agent secret par le passé.

Enfin, Morgan Freeman est encore là lui aussi, plus encore dans son rôle de concepteurs de gadgets, et de gardien du secret.

 

Ce film est vraiment fantastique. Pour un fan de comics, je ne vois pas grand-chose à y redire.

J’ai toutefois lu certaines critiques négatives concernant la voix étrange prise par Batman. Personnellement, j’adore, car cela répond à un vieux travers propre aux comic books. Avec ou sans son costume, le héros rencontre des gens, parfois les mêmes. Mais aucun d’entre eux ne fait attention que sous le masque, se cache une voix qu’il connaît déjà…  C’est idiot. Tandis que dans le cas présent, au moins, Bruce essaye de faire en sorte de dissimuler sa voix. Ce n’est pas l’idéal, c’est certain, on ressent la voix de Bruce encore, dans cette « imitation », mais je préfère voir Nolan pousser une fois encore le souci du réalisme sur de tels détails.

 



Ah, une chose importante pour terminer.

N’enchaînez pas directement par une séance de Wall-E, le film pixar. Le grand écart a ses limites, et vous pourriez bien vous mettre à rire comme un fou, et à terroriser les spectateurs.

Car après tout, « pourquoi être si sérieux » ?


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
pris une grosse claque également !<br /> tellement grosse que je n'ia toujours pas réussi à mettre sur papier (enfin par écrit) ce que j'ai ressenti...
Répondre
B
Bonjour Yaneck. Merci pour cet article très bien conçu. Comme tu le dis très justement, on prend une claque, l'ambiance est géniale et l'interprétation hors-pair, particulièrement celle de Heath Ledger. En outre, au-delà de ses qualités techniques, le film recèle à mon sens un véritable message politico-moral qui fait clairement écho à l'actualité mondiale. La folie du Joker est ainsi bien arrangeante et représente l'Ennemi tel que les USA aimerait que l'opinion internationale le perçoive («Certains hommes veulent juste voir le monde partir en flammes »). De même, le Batman hors-la-loi vient valider l'idéologie politique du gouvernement Bush (qui n'est pas mon pote). Bref, si tu es tenté par cette approche, je me suis moi aussi fendu d'une chronique sur ce chevalier noir...<br /> Au plaisir de te lire. Amicalement
Répondre
S
Vivement ce soir :D
Répondre
L
ca donne envie, moi j'y vais vendredi soir, juste une petite precision, heath ledger ne s'est pas suicidé, il est mort d'une overdose de medicaments, et même s'il avait fait part du trouble que le personnage du joker avait semé en lui, il n'est en aucun cas lié à sa mort...
Répondre
Y
<br /> Que sa mort et son personnage ne soit pas liés, on est d'accord.<br /> Suicide, overdose, tout cela n'est pas très clair...<br /> <br /> <br />