Neuilly sa mère!

Publié le par yaneck Chareyre



Titre: Neuilly sa mère!
Réalisateur: Gabriel Julien-Laferrière
Acteurs: Samy Seghir, Jérémy Denisty, Rachida Brakni, Denis Podalydes, Joséphine Japy, Mathieu Spinosi, Chloé Coulloud, Farida Khelfa...
Scénaristes:Philippe de Chauveron, Marc de Chauveron (sur une idée de Djamel Ben Salah)
Producteurs:
Djamel Ben Salah, Isaac Sharry


Attention, film politique. Pas un film politisé, avec un message à caractère. Non, non, nous avons là un film complètement politique, anti-sarkozyste, de gauche. C'est tellement inhabituel que ça a même créé en moi un petit malaise.
Sammy est un jeune ado de banlieue, à Chalon sur Saone. Sa mère, qui l'élève seule depuis la mort de son père, doit partir travailler sur un bateau, et le laisse donc à sa soeur à elle, qu'ils n'avaient pas revue depuis des années, afin qu'il puisse continuer sa scolarité.
Sauf que la tante et sa petite famille habitent à Neuilly, et qu'ils ont tous les signes extérieurs et intérieurs de richesse. Chocs et clashs en perspective.

Film, donc, anti-sarkozyste, et ça fait du bien. De bout en bout, les allusions, négatives, à l'ancien maire de Neuilly se glissent pour nous faire marrer. Souvent, à travers Charles, l'enfant du même âge que Sammy, et désireux de marcher sur les traces du petit homme politique. Il faut le voir débarquer de son jogging avec son i-pod et ses grosses lunettes de soleil, et la comparaison est immédiate. Cela procure de franches rigolades.
Mais surtout, c'est un portrait à l'acide qui est fait de la bourgeoisie française. aucun personnage n'en réchappe réellement. Ils sont tous à jeter (avec un petit bémol pour Stanislas et Djamilah). Même à la fin du film, ils ne seront pas sauvés. Pari très osé du réalisateur que de ne rendre que très moyennement sympathique ses personnages. Les enfants sont tous puants, en dehors de Sammy et Marie.
Et donc, ça fait bizarre de voir un film aussi politique, aussi engagé et partisan. Il est extrêmement rare que de telles choses se fassent. En même temps, taper sur ceux qui donnent l'argent pour faire les films, c'est pas un argument très convaincant pour trouver des sous. Je le redis, c'est donc un pari très osé, surtout quand certains hommes politiques supposément de gauche ont crié partout en Juin que l'anti-sarkozysme ne payait pas. Et apparemment, le film fait tranquillement ses entrées, bravo à lui.

Malheureusement, le réalisateur n'est pas exempt de reproches à caractère cinématographique.
Le premier, c'est qu'il laisse de nombreuses pistes du scénario non-explorées. Je pense à la "lutte" entre Stanislas et son ex-femme, je pense à l'arrivée des copains de Sammy à Neuilly, entre autre. On sent qu'il manque des réponses. Alors la question, c'est pourquoi? Le réalisateur a-t-il craint de monter sa comédie à deux heures? Ou bien le montage a-t-il été réalisé en catastrophe? On ne sait pas, mais en tout cas, c'est un défaut très notable.
Le second défaut, c'est la non-crédibilité de la relation Sammy-Marie, qui se noue très rapidement, avec très peu de temps à l'image. Si le réalisateur a voulu faire usage d'ellipses, elles sont ratées. Et encore une fois, ça pose la question du montage, de la durée.

Et c'est dommage, car de ce point de vue là, ce film n'est pas réussi, alors qu'il porte un ton très provocateur, très novateur, qu'il serait extrêmement important de retrouver. Et pas que au cinéma. Amis journalistes, si vous nous lisez...

PS: Je n'avais pas où le caser, mais il y a de nombreux seconds rôles dans ce film, de nombreuses guest-stars absolument toutes savoureuses, notament Eric (de Eric et Ramzy), en ange fan de zizou...

Publié dans Cinéma Français

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